Jan 23

Le venin de la territorialisation de l’Ecole

A l’occasion des vœux du Conseil régional d’Aquitaine, Alain Rousset, le président socialiste de l’ARF (Association des régions de France), a promis aux enseignants « dans moins de temps qu’on ne le croit le statut de fonctionnaire territorial ». Il dévoilait de la sorte la réalité des basses besognes projetées dans le cadre de l’acte III de la décentralisation par des « solfériniens » décomplexés par les récents discours sociaux-libéraux du Président de la République : la casse les uns après les autres des cadres nationaux de l’Ecole de la République.

Le statut de fonctionnaire des personnels de l’Education nationale sert de bouclier à l’intérêt général en mettant à distance les revendications marchandes, clientélistes, consuméristes et cléricales. L’enjeu était de taille lors de la mise en place de l’Ecole de la République. Il reste aujourd’hui identique : la préservation même imparfaite d’un cadre nécessaire à une Ecole de l’égalité et de l’émancipation.

Le Parti de Gauche dénonce fermement cette Ecole des territoires, des féodaux et des entreprises vers laquelle on se dirigerait inéluctablement à marche forcée, aux antipodes des idéaux républicains. Il s’oppose à toute forme de territorialisation de l’Ecole.

Décidément, le girondin Alain Rousset ne sera jamais, ni de près ni de loin, un Montagnard adepte de la République une et indivisible. Qui peut également croire un instant que la loi Peillon ait pu être de « refondation de l’Ecole de la République » ?

Francis DASPE, président de la Commission nationale Education du PG 

Jan 22

Au nom de l’Egalité refusons la casse de la démocratie et des collectivités locales

Hollande dans son entretien avec la presse a indiqué la voie qu’il allait continuer à suivre en matière d’organisation territoriale.

Fin de l égalité républicaine , mise en concurrence des territoires, collectivités soumises à l’austérité, décisions autoritaires et antidémocratiques.

Qu’a t-il annoncé ?
D’abord que les métropoles , grands ensembles intercommunaux , champions qualifiés pour la grande compétition internationale, fondés sur la captation des richesses à leur profit et au détriment bien sûr du reste du territoire et des citoyens qui y vivent.
Ceux qui s’attendaient, peut-être, à ce qu’il annonce que les élections municipales devaient être le moment de débattre de l’organisation intercommunale, de ses contours et projets , à défaut d’y élire les représentants du peuple, ont été fort déçus !
On connaissait le cas lyonnais, parisien, lillois, marseillais. Désormais dans la loi, c’est 13 métropoles qui sont créés sans qu’en quoi que ce soit, les citoyens aient voix au chapitre.
Nous ne sommes pas opposés à l’intercommunalité mais nous affirmons que pour qu’elle serve l’intérêt général, elles doivent être fondées sur des périmètres de solidarité et des projets partagés . Nous osons dire aussi que les citoyens doivent choisir leurs représentants, éclairés par des projets contradictoires. Il n’y a pas de démocratie, encore moins de République sans contrôle démocratique.
Mais comme cela n’était pas suffisant et que le modèle lyonnais fait des émules, ces métropoles pourront même « fusionner/ absorber » les départements ou un bout de ceux-ci. Hors de celles-ci point de salut !
Il faut y organiser « attractivité et localisation d’investissements » dit-il. Les connaisseurs reconnaîtront la logique du soutien à l’offre si chère aux solferiniens.
On pourrait en effet croire alors que la vie y sera plus facile sauf que localiser des investissements ne veut pas dire que les richesses créées sont ensuite réparties. Les statistiques le prouvent et le résultat de la politique de Hollande aussi, non ?
Donc c’est l’abandon de toute une partie du peuple qui s’organise.

Et si les élus locaux qui ne sont pas tous des barons refusaient ? Pas de problème. À toute difficulté, hollande a des solutions ! Pas de dotations. Elles pourront « varier en fonction des efforts de chacun ». Non seulement elles sont en baisse (-3,5 milliards en 2014 et 2015) mais plus encore se sont les bons élèves qui seront récompensés. C’est donc le règne de l’arbitraire. Et la confirmation que pour financer la « baisse des charges qui pèsent tant sur le travail », il faut réduire la dépense publique, celle qui est nécessaire pour les services publics, propriété de ceux qui n’ont rien, pour construire du logement accessible, celle qui est créatrice d activités d’intérêt général et donc d’emploi.
Mais c’est pas fini ! Les propos concernant le mille-feuilles, la complexité des niveaux territoriaux et de décision, la clarification des compétences sont démagogiques. Quelle clarification quand d’un bout à l’autre du territoire, les compétences ne seront pas les mêmes, quand c’est des instances de troisième degré comme les conférences territoriales d’action publique qui en donneront le cadre. Quand c’est la conférence des maires et des présidents qui décidera de tout sur le dos des conseils démocratiquement élus et des citoyens.
Bien au contraire personne n’y comprendra plus rien.

Plus encore, y compris parce qu’il fallait rassurer les barons socialistes, présidents de région, leur ont été attribués des pouvoirs législatifs ou tout au moins la possibilité d’adopter la loi. C’est donc la fin assumée de la République française fondée sur l’égalité de traitement. Et d’ailleurs quelle sera la nature de cette adaptation ? Quelle loi serait bonne en Bretagne et mauvaise en Lorraine ? Dans le contexte de séduction à l’égard du medef, que pouvons nous en penser quand les régions traitent de formation professionnelle, de prise en compte des non-indemnisés par pôle emploi. Quand on sait aussi que les présidents de région financent allègrement l’enseignement privé et aimeraient s’affranchir des règles en la matière.
C’est dans ce contexte que la proposition, le coup de force en fait, de fusionner la région IDF et les départements de la « petite couronne » . Gadget ? Pas seulement ! Outre l’affaiblissement de la gauche non socialiste, l’enjeu est d’orienter les crédits publics vers la croissance aveugle, productiviste voulue par le gouvernement et ce au détriment en particulier des politiques sociales menées par les conseils généraux.
Enfin un petit rappel de la grande Histoire, lorsque les révolutionnaires abolissent les privilèges la nuit du 4 août, ils créent en même temps les départements. Ils voulaient par là se doter d’un outil qui permettait concrètement de mettre en œuvre l’égalité de traitement, condition indispensable de la République, la journée de déplacement à cheval en étant la mesure.
Leur suppression aujourd’hui révèle d’autant plus le sens de ce que nous devons faire, résolument et de toutes nos forces, organiser l’opposition de gauche !

Lundi, 20 Janvier 2014 09:40

| Écrit par Elisa Martin, Conseillère régionale co-présidente du groupe FDG en Rhône-Alpes

Jan 16

Face à la droite et à l’extrème droite, le social libéralisme n’est pas la solution

Des oeillets rouges pour remplacer des roses fanées

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Jan 14

Christian Piquet trompe tout le monde à Paris

Christian Piquet annonce son ralliement aux socialistes parisiens. Au lendemain de la conférence de presse du président, c’est un reniement très triste. Il a été préparé en secret, sans informer aucun des partenaires, à aucun moment depuis que la discussion est ouverte au sujet des municipales dans la coordination nationale du Front de Gauche. Seuls informés, les dirigeants Communistes ont également tenu secrète cette information. C’est un signal de dégradation des devoirs de loyauté à la tête du Front de Gauche. Survenant à dessein trois jours avant la rencontre PC/PG, l’évènement est un message. Pour cette mauvaise action, Christian Piquet a surtout trompé son propre groupe militant qui a voté à plusieurs reprises contre ce choix après de nombreuses heures de débats. Ces militants avaient décidé de participer à la liste de Danielle Simonnet. Ils y sont candidats, ils y militent. Christian Piquet n’apporte donc rien à la liste Hidalgo, ni audience ni militants, sinon le mauvais coup qu’il nous porte. Les militants de la Gauche Unitaire ont donc réagi très négativement contre cette décision solitaire, négative et destructrice. Mais le coup est porté. Ici, le profit personnel d’un individu se fait au prix de la confusion et de la tromperie. Dans ces conditions, l’utilisation du sigle Front de Gauche pour de telles tromperies conduit à l’illisibilité politique de ce sigle. Elle se fait au détriment de toutes les équipes locales qui s’en réclament au premier tour des élections municipales. Mais aussi au détriment de ceux qui voudraient porter les couleurs de l’autonomie politique, par rapport à l’Europe libérale et à ses soutiens de droite et social-démocrate, au plus haut de l’opposition de gauche aux élections européennes. Mais les utilisateurs de cette vente à la découpe doivent se souvenir que le résultat du Front de Gauche à l’élection présidentielle n’est pas transférable à la commande par quelques-uns sur ses concurrents.

Jan 14

Hollande meilleur VRP du Medef et de la Commission européenne

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C’est à un vrai coup de force auquel François Hollande s’est livré contre l’état social et contre la République. Il supprime toute unité territoriale en introduisant la structuration à la carte pouvant aller jusqu’à la disparition de départements et en transférant des pouvoirs réglementaires au niveau local. Cette orientation libérale ne conçoit l’aménagement du territoire qu’en terme de concurrence.

Tout son discours n’avait qu’un objectif, s’attirer les bonnes grâces des grands patrons. Pas un mot pour les salariés, pour tous les privés d’emploi et précaires de notre pays. Avec les 50 milliards de réduction de dépenses publiques et l’exigence de réduction des dépenses des collectivités, François Hollande vient de déclarer l’état d’austérité générale. Outre les 30 milliards d’euros de cotisations familiales qui vont être transférés des entreprises vers les ménages, le Medef peut se féliciter des autres annonces. Le Medef qui aime tant les chartes, les pactes et les Hauts comités de régulation va adorer le pacte de responsabilité, il n’y aura pas de contreparties obligatoires, tout juste un observatoire de plus.

Silence dans les rangs, telle est la devise du président de la République qui annonce l’engagement de la responsabilité du gouvernement. Ceux qui croyaient qu’ils pourraient discuter du contenu du pacte de responsabilité ont la réponse : c’est à prendre ou à laisser. Da’illeurs un Conseil stratégique de la dépense usurpera le rôle attribué par la Constitution aux commissions des finances et à la Cour des Comptes.

François Hollande se soumet une fois de plus à la vision de Monsieur Barroso et de Madame Merkel d’un fédéralisme européen qui nie la souveraineté populaire. La convergence européenne est pour lui est un nivellement vers le bas de la fiscalité des entreprises au niveau allemand.

Face à ce social-libéralisme assumé, nous appelons tous ceux qui refusent cette politique jusque dans les rangs du PS et EELV à construire avec nous l’opposition de gauche aujourd’hui indispensable.

Le temps est à la résistance, au parlement , dans les urnes et dans la rue.

Mardi 14 Janvier 2014  Martine Billard, Co-Présidente du Parti de Gauche

Jan 14

Le 21 janvier, Hollande veut conduire la France à l’échafaud

Hollande Voeux 2013Lors de sa conférence de presse du 14 janvier, François Hollande a donné son calendrier et il ne pouvait plus fortement résonner à nos oreilles. Le 21 janvier, le Président lancera à l’Elysée son « pacte de responsabilité ». 221 ans après que la France ait mis fin à la royauté, François Hollande engagera le chemin inverse et entend abattre la République. Car si pour Jaurès la République doit conjointement être installée dans l’ordre politique, dans l’ordre économique et dans l’ordre social, pour Hollande, chaque pilier doit être expurgé de l’idéal républicain. La preuve.

Lors de ses vœux du 31 décembre, François Hollande avait porté l’assaut dans l’ordre économique. A peine commencée sa conférence de presse, il enfonçait le clou avec sa stupide politique de l’offre, osant même (tel les cons…) un : « L’offre crée même la demande ». Pensez-y lorsque vous irez vos courses : « L’offre crée même la demande ». Consommer, de tout et de rien, consommer n’importe comment mais consommer, puisque le Président productiviste qu’il est affirme qu’il faut « produire plus, produire mieux ».  Et si vous n’en avez pas les moyens, n’ayez crainte, un petit peu plus d’offre en rayonnages devrait créer votre demande et remplir votre portefeuille. Absurde !

La gauche bien-pensante qui croyait encore malgré les vœux du 31 décembre pouvoir éviter le désastre en est pour ses frais. Le journal Libération pensait ainsi savoir ce matin que le Président annoncerait dans l’après-midi entre 5 et 10 milliards de baisse des cotisations patronales de la branche famille.Patatras! C’est avec une fierté non dissimulée que François Hollande a affirmé que  les entreprises et les travailleurs indépendants bénéficieraient d’ici à 2017 de la fin des cotisations patronales de la branche famille. Confirmant son tournant sémantique des vœux du 31 décembre 2013, François Hollande précisait même le montant astronomique du cadeau : 30 milliards d’euros de baisse de « charges » comme il a tenu à les nommer une fois encore ! La culture du mépris…D’ailleurs 30 milliards, c’est tout juste ce que demandait le 13 janvier Pierre Gattaz patron du Medef. En voilà au moins un qui a l’oreille de Hollande !

Mais la grande nouveauté, du moins dans un affichage aussi clair, c’est l’offensive du Président sur les deux autres piliers chers à Jaurès pour réaliser la République sociale. Dans l’ordre social, le Président avait ouvert la voie lors de ses vœux à la mise en coupe réglée de notre patrimoine commun. Il avait alors parlé « d’abus » et « d’excès » concernant la protection sociale. Il a cette fois été encore plus loin en évoquant pour la fraude une responsabilité partagée « moitié-moitié » entre les entreprises et les assurés sociaux. Quant aux services publics, ils sont passés à la moulinette, le Président parlant de « redéfinir les principales missions de l’Etat » pour réaliser de nouvelles économies. Quasi extatique, François Hollande s’est ainsi targué d’avoir réalisé 15 milliards « d’économies » en 2014 et d’en prévoir 50 milliards supplémentaires sur la période 2015-2017. A ce niveau, cela « n’a jamais été fait » s’est-il tenu obligé de préciser. Voilà un Président issu du Parti Socialiste qui se vante de faire subir à notre pays et à ses services publics la pire saignée qu’il ait jamais connue. Et ce alors même que Sarkozy avait fait un carnage avant lui pendant 5 ans et la Droite pendant 10 ! Pour François Hollande, la baisse de la dépense publique est érigée en alpha et oméga présidentiel au détriment du patrimoine servant à l’émancipation collective du peuple. Et puisqu’il faut boucler la boucler, le serpent Hollande qui se mord la queue a eu cette explication ubuesque : « Il faut réduire la dépense publique. C’est le passage obligé pour réduire les déficits publics. C’est la condition pour réaliser le pacte de responsabilité ».  La finalité est donc de « réaliser le pacte de responsabilité ». Mais quelle est la finalité du pacte de responsabilité sinon servir comme un laquais le Medef ?

Le laquais Hollande entend justement bien ramener la France dans les méandres nauséabonds de l’ancien régime où toutes les baronnies locales et leurs arrangements oligarchiques correspondent si bien à ce qu’il est. C’est pour cela qu’il a cette fois aussi porté le fer dans l’ordre politique. Et de manière saignante. Evoquant les nouvelles compétences et responsabilités aux régions dès 2014 à travers l’acte 3 de la décentralisation, le Président a annoncé confier un « pouvoir règlementaire local d’adaptation » aux régions. Autrement dit vaporiser la France façon puzzle. L’adepte de la loi à géométrie variable revient commettre ses méfaits et c’est pour tout de suite ! Cette atteinte au cadre national et républicain est insupportable et doit dès à présent appeler à une réaction de tous les républicains. La France n’est pas l’Espagne ou l’Allemagne et elle n’entend pas le devenir ! Pourtant, pour nous en convaincre, François Hollande veut passer en force faisant mine d’avoir l’assentiment du peuple, même quand celui-ci l’a déjugé. Hollande évoque ainsi le fait que « des régions peuvent se rapprocher » et que « des départements devront redéfinir leur avenir ». Hollande a-t-il la mémoire trop courte pour se rappeler qu’il y a un an les alsaciens l’avaient renvoyé à ses études de son catéchisme républicain pour avoir voulu fusionner les deux départements ?  Cette fois, les métropoles étant appelées à la rescousse, c’est l’exemple du Rhône redécoupé en Grand Lyon et bout de département croupion qui a été pris par le Président. Les départements de petite couronne en Ile-de-France, mais aussi partout où l’une des 13 grandes métropoles a été installée, savent désormais que leur disparition est planifiée. Et si la force de la loi devait rencontrer une résistance populaire, François Hollande prévient qu’il étranglera manu militari les collectivités en fermant les vannes financières, puisque « les dotations varieront selon les regroupements qui seront faits ». Ecoeurant.

François Hollande a une qualité indéniable : il est toujours capable de faire pire. Mais en s’en prenant ouvertement et par tous les bouts à l’édifice républicain, il dessine une nouvelle ligne de fracture. Au nom des intérêts de l’oligarchie, il fait le choix d’engager la confrontation avec le camp des républicains. Qu’il soit sûr que dès le 21 janvier nous ne lui cèderons pas un pouce de terrain. La France aux républicains !

François COQ

Jan 12

Le grand Marché Transatlantique…

TractFG GMT

Jan 11

Municipales, le Front de Gauche en piteux état

Martine Billard, qui dirige le travail de mise en place des listes auxquelles participe le PG, et Eric Coquerel, qui gère nos relations unitaires, ont préparé la discussion de notre Secrétariat national sur la base du bilan de notre activité et des accords locaux qui se sont conclus au dernier trimestre de 2013. Le lâchage du Parti Communiste dans la moitié des villes de plus de vingt mille habitants et la volonté de réduire le Front de Gauche à une étiquette donnée au plus offrant a rendu notre situation illisible. Cela est vrai sur le terrain, où l’usurpation du logo Front de Gauche dans les listes socialistes aggrave la confusion. Ce sera vrai dans les résultats finaux du ministère de l’Intérieur, qui comptabiliseront comme liste PS la moitié des villes ou le PCF est son bagage accompagné, diminuant ainsi de moitié le score national des listes autonomes labélisées Front de gauche. Comme si cela ne suffisait pas, les dirigeants du PCF veulent interdire l’usage du logo Front de gauche quand ils ne sont pas sur la liste. Et quand ils y sont comme à Montpelier, ou ailleurs, certains d’entre eux peuvent encore changer d’avis en cours de route pour mieux marchander leur postes avec les socialistes. Avec de tels amis, nous n’avons plus besoin d’ennemis. Le Front de gauche est en lambeaux. France Info pouvait dire qu’il est la première victime des municipales. On sait pourquoi et à cause de qui. Comment reprendre pied dans ce champ de ruines ?

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Jan 11

Assemblée Citoyenne à Argelès-Gazost

Affiche

 

Jan 10

Les vœux de l’an 2014 d’Ariane Mnouchkine

« Mes chères concitoyennes, mes chers concitoyens,

À l’aube de cette année 2014, je vous souhaite beaucoup de bonheur.

Une fois dit ça… qu’ai-je dit? Que souhaité-je vraiment ?

Je m’explique :

Je nous souhaite d’abord une fuite périlleuse et ensuite un immense chantier.

D’abord fuir la peste de cette tristesse gluante, que par tombereaux entiers, tous les jours, on déverse sur nous, cette vase venimeuse, faite de haine de soi, de haine de l’autre, de méfiance de tout le monde, de ressentiments passifs et contagieux, d’amertumes stériles, de hargnes persécutoires.

Fuir l’incrédulité ricanante, enflée de sa propre importance, fuir les triomphants prophètes de l’échec inévitable, fuir les pleureurs et vestales d’un passé avorté à jamais et barrant tout futur.

Une fois réussie cette difficile évasion, je nous souhaite un chantier, un chantier colossal, pharaonique, himalayesque, inouï, surhumain parce que justement totalement humain. Le chantier des chantiers.

Ce chantier sur la palissade duquel, dès les élections passées, nos élus s’empressent d’apposer l’écriteau : “Chantier Interdit Au Public“

Je crois que j’ose parler de la démocratie.

Etre consultés de temps à autre ne suffit plus. Plus du tout. Déclarons-nous, tous, responsables de tout.

Entrons sur ce chantier. Pas besoin de violence. De cris, de rage. Pas besoin d’hostilité. Juste besoin de confiance. De regards. D’écoute. De constance.

L’Etat, en l’occurrence, c’est nous.

Ouvrons des laboratoires, ou rejoignons ceux, innombrables déjà, où, à tant de questions et de problèmes, des femmes et des hommes trouvent des réponses, imaginent et proposent des solutions qui ne demandent qu’à être expérimentées et mises en pratique, avec audace et prudence, avec confiance et exigence.

Ajoutons partout, à celles qui existent déjà, des petites zones libres.

Oui, de ces petits exemples courageux qui incitent au courage créatif.

Expérimentons, nous-mêmes, expérimentons, humblement, joyeusement et sans arrogance. Que l’échec soit notre professeur, pas notre censeur. Cent fois sur le métier remettons notre ouvrage. Scrutons nos éprouvettes minuscules ou nos alambics énormes afin de progresser concrètement dans notre recherche d’une meilleure société humaine. Car c’est du minuscule au cosmique que ce travail nous entraînera et entraîne déjà ceux qui s’y confrontent. Comme les poètes qui savent qu’il faut, tantôt écrire une ode à la tomate ou à la soupe de congre, tantôt écrire Les Châtiments.  Sauver une herbe médicinale en Amazonie, garantir aux femmes la liberté, l’égalité, la vie souvent.

Et surtout, surtout, disons à nos enfants qu’ils arrivent sur terre quasiment au début d’une histoire et non pas à sa fin désenchantée. Ils en sont encore aux tout premiers chapitres d’une longue et fabuleuse épopée dont  ils seront, non pas les rouages muets, mais au contraire, les inévitables auteurs.

Il faut qu’ils sachent que, ô merveille, ils ont une œuvre, faite de mille œuvres, à accomplir, ensemble, avec leurs enfants et les enfants de leurs enfants.

Disons-le, haut et fort, car, beaucoup d’entre eux ont entendu le contraire, et je crois, moi, que cela les désespère.

Quel plus riche héritage pouvons-nous léguer à nos enfants que la joie de savoir que la genèse n’est pas encore terminée et qu’elle leur appartient.

Qu’attendons-nous ? L’année 2014 ? La voici.

PS : Les deux poètes cités sont évidemment Pablo Neruda et Victor Hugo 

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