Sénatoriales : avec ou sans le PS ?

Sénatoriales : Pourquoi le Parti Socialiste fait le mort

Suite aux résultats des municipales, la majorité du Sénat risque de passer à droite au lendemain des sénatoriales de septembre. Pour la première fois depuis 1945, le Sénat pourrait compter en son sein des sénateurs d’extrême-droite ! Comment expliquer le silence de la direction nationale du Parti Socialiste vis à vis de plusieurs forces de gauche dont le PCF sur la possibilité dans plusieurs départements de réélire un sénateur de gauche ou d’en gagner un du fait de la proportionnelle. Il n’est pas pensable que le Parti Socialiste préfère un Sénat avec une majorité de droite plutôt qu’une majorité de gauche, certes insoumise à des réformes gouvernementales. Bien évidemment, un accord sur tout le territoire national est rendu extrêmement difficile en raison des divergences profondes au sein des forces de gauche. Le PCF n’en fait pas la demande: il demeure en revanche disponible pour examiner certaines situations départementales qui, selon le mode de scrutin (majoritaire ou nouvellement proportionnel dans 17 départements) permettraient de battre la droite. Des accords départementaux sont encore possibles dans le respect mutuel et sans rien retrancher de nos différences et de nos divergences sur l’avenir de notre pays, sur des réformes gouvernementales et particulièrement celles des collectivités territoriales. L’apport des cinq sénateurs et sénatrices du groupe CRC renouvelables est décisif dans l’objectif du maintien d’une majorité de gauche. Comment ne pas y voir un atout contre l’élection d’un(e) président(e) de droite et pour l’élection d’un(e) président(e) de gauche au Sénat ? Le 28 septembre, le PCF entend offrir le moyen de s’exprimer, par leur vote, à des milliers de grands électeurs de gauche.

J’avoue que les bras m’en tombent. Il n’y a pas de majorité gouvernementale au sénat actuellement. Les sénateurs communistes votent assez souvent et à juste titre contre les projets de loi présentés par le gouvernement et encore ces dernières semaines contre les collectifs budgétaires et contre la loi ferroviaire. On ne voit donc pas quel serait l’intérêt du PS de faire élire des sénateurs du PCF qui ensuite vont aller voter contre lui. Et comme de plus, le PS sait qu’il va perdre des sénateurs et la majorité relative au sénat, il est bien décidé à ne partager aucun des postes qu’il pourrait sauver. Europe Ecologie l’a bien compris qui, devant le refus du PS de lui proposer une alliance lui permettant d’obtenir un ou plusieurs sénateurs, a décidé de présenter des listes autonomes.

Pourquoi le PCF n’en fait-il pas autant ? Pourquoi une telle posture de quémandeur ? Pourquoi ne choisit-il pas de présenter des listes du Front de Gauche partout, représentant bien sûr la diversité du FdG et non des listes PCF qu’on est prié de soutenir sans discuter sous peine d’être traité de diviseur. Voilà ce qui serait la bonne stratégie : des listes autonomes du Front de Gauche faisant campagne contre la réforme territoriale pour la 6ème République, contre la politique d’austérité et le Grand Marché Transatlantique et leurs conséquences sur les collectivités territoriales. Le PCF se plaint du silence du PS mais a tout simplement oublié de discuter avec ses partenaires du FdG.

Pour le PG, c’est clair, nous sommes cohérents : aux sénatoriales, nous ne soutiendrons aucune liste avec le PS.

L’unité cela ne peut pas être avec ceux qui défendent la politique du gouvernement

Aujourd’hui Pierre Laurent participait à une conférence de presse avec Marie-Noëlle Lienemann (PS) et Emma Cosse (EELV), pour lancer un nouveau pacte majoritaire à gauche. A cette occasion il déclarait «ce rassemblement est impossible autour de l’actuelle politique gouvernementale».

http://www.mnlienemann.fr/2014/07/le-document-realise-par-gauche-avenir-pour-un-nouveau-pacte-majoritaire-a-gauche-suite-a-sa-presentation-a-la-presse-le-10-juillet-2014/

Or ce soir, nous apprenons que Pierre Laurent se rendra à l’université d’été du PS à La Rochelle pour participer à une table ronde avec Jean-Christophe Cambadélis, Emma Cosse (EELV), Jean-Michel Baylet (PRG), Robert Hue (MUP) et Jean-Luc Laurent (MRC) dont « L’idée est d’avoir une discussion globale et stratégique sur l’unité de la gauche », selon Daniel Assouline. »

Quelle photo de famille, Unité de la gauche avec le PS qui mène la politique que nous subissons en ce moment ? Avec Jean-Marie Le Guen qui n’a pas hésité à traiter de « pseudo-socialistes » les quelques députés PS qui osaient émettre des critiques sur la politique économique et sociale actuelle ?

Ce qui en restera n’est pas que Pierre Laurent voulait convaincre les militants PS présents de rompre avec la politique du gouvernement. Non, le symbole ce sera, ils sont tous ensembles pour s’entendre entre eux.

Voilà qui va réjouir toutes celles et ceux qui chaque jour se demandent ce que ce gouvernement va encore pouvoir inventer pour leur réduire le peu de droits qui leur restent. Discuter avec toutes celles et ceux notamment au PS qui sont critiques avec la politique gouvernementale, bien sûr. Mais là c’est autre chose : c’est une mise en scène pour montrer que le PS n’est pas isolé et que le gouvernement est soutenu. Quelle erreur d’y aller !
Toubon : la tambouille sans principe

Côté du chef de l’État, la journée aura été bien remplie d’annonces successives plus insupportables les unes que les autres.

La journée a mal commencé avec la nomination de Jacques Toubon, ancien ministre, militant RPR puis UMP, comme défenseur des droits. Il s’était fait remarqué entre autres en votant contre la loi de dépénalisation de l’homosexualité et contre celle abolissant la peine de mort en 1981. Il s’est aussi rendu célèbre comme ministre de la Justice pour avoir amnistié des commandos anti-IVG et envoyé un hélicoptère dans l’Himalaya pour essayer de mettre la main sur un procureur de la République en vacances afin de le convaincre d’empêcher la mise en examen de Xavière Tibéri dans l’affaire du faux rapport de 36 pages sur la francophonie, rapport bourré de fautes de frappe mais fort bien rémunéré. C’est dire si Mr Toubon a des titres qui le prédisposent à assumer la charge de défenseur des droits ! Mais rien n’a arrêté le fait du prince : Hollande voulait, Hollande a décidé, même contre ses propres députés.
Gaza : un peuple sous les bombardements

Mais ce n’était pas fini. En début de soirée, la déclaration de F. Hollande à propos des bombardements de Israël contre Gaza tombait :

Le Président de la République a eu ce soir un entretien téléphonique avec le Premier ministre israélien, Benyamin NETANYAHOU. Il lui a exprimé la solidarité de la France face aux tirs de roquettes en provenance de Gaza. Il lui a rappelé que la France condamne fermement ces agressions. Il appartient au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces. Le Président de la République rappelle la nécessité de prévenir l’escalade des violences. http://www.elysee.fr/communiques-de-presse/article/entretien-avec-le-premier-ministre-israelien/

Vous avez bien lu : pas un mot sur les bombardements et même plutôt un encouragement à les continuer avec l’avant-dernière phrase. Lorsque je l’ai lu sur twitter, je ne l’ai pas cru ; j’ai pensé à une malveillance, à une coupure de texte. Hélas non. La colonisation continue de plus belle malgré toutes les condamnations internationales, timides, et les humiliations des palestiniens au quotidien ne s’arrêtent jamais. L’assassinat des 3 jeunes colons juifs, que rien ne saurait justifier, donne lieu à une vengeance abominable avec un jeune palestinien brûlé vif et la seule réponse est l’escalade militaire. Comme si face à l’horreur, il fallait chercher l’oubli dans encore plus de souffrances. Jusqu’ici la tradition des gouvernements français était d’appeler à la retenue, au respect des lois de la guerre. Là non, rien de tout cela. Juste l’oubli que d’un côté il y a plus de 80 morts et plus de 400 blessés et de l’autre, la peur certes à l’annonce des roquettes tirées depuis Gaza, mais aucun mort et 1 seul blessé.
Et pour finir Barroso décoré !

Et comme si l’écœurement pouvait être encore plus grand, la journée se terminait avec l’annonce de la remise de la Légion d’honneur à José Manuel Barroso admis en tant que grand officier ! Quel haut fait peut justifier une telle distinction ?

Les étrangers peuvent être décorés de la Légion d’honneur s’ils ont rendu des services (culturels, économiques…) à la France ou encouragé des causes qu’elle défend (défense des droits de l’Homme, liberté de la presse, causes humanitaires…).

Comme je ne vois pas bien quels services il a rendu à la France, ni comment il a encouragé les droits de l’homme, j’en suis à me demander si l’exploit d’appauvrir tous les peuples d’Europe avec les politiques menées en tant que président de la Commission Européenne est considéré par François Hollande comme méritant récompense ? Remarquez, si on regarde qui a la Légion d’honneur dans notre pays (par exemple Isabelle Balkany), on se dit qu’on préfère encore ne pas être proposé à cette distinction. A mon sens d’ailleurs, elle devrait être réservée aux faits de bravoure au lieu d’être dénaturée comme c’est le cas.

Après de telles journées, il faut parfois avoir beaucoup de convictions et de motivations pour ne pas baisser les bras, d’autant que avec la météo actuelle en sus il y a de quoi avoir le blues. En tous les cas, une chose est sûre, au moment où Hollande et son gouvernement multiplient les renoncements , ce n’est pas le moment de leur faire la courte échelle.

Au contraire, c’est en poursuivant notre stratégie d’autonomie, ouverte sans exclusive à toutes celles et à tous ceux qui sont d’accords pour refuser ces politiques, que nous permettrons qu’émerge dans ce pays une alternative porteuse d’espoir et non le désespoir des compromissions sans lendemain. Le Front de Gauche peut continuer, mais pour cela il faut de la clarté afin que nos concitoyens aient confiance en nous.

Bon été à toutes et tous, mais on reste attentif car c’est souvent l’époque des mauvais coups. On ne laisse donc pas tomber ceux qui se battent pour leurs droits : intermittents, travailleurs d’entreprises menacés de fermeture, sans-papiers, militants victimes de la répression ….

Martine BILLARD co-présidente du PARTI DE GAUCHE

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