Lors de sa conférence de presse du 14 janvier, François Hollande a donné son calendrier et il ne pouvait plus fortement résonner à nos oreilles. Le 21 janvier, le Président lancera à l’Elysée son « pacte de responsabilité ». 221 ans après que la France ait mis fin à la royauté, François Hollande engagera le chemin inverse et entend abattre la République. Car si pour Jaurès la République doit conjointement être installée dans l’ordre politique, dans l’ordre économique et dans l’ordre social, pour Hollande, chaque pilier doit être expurgé de l’idéal républicain. La preuve.
Lors de ses vœux du 31 décembre, François Hollande avait porté l’assaut dans l’ordre économique. A peine commencée sa conférence de presse, il enfonçait le clou avec sa stupide politique de l’offre, osant même (tel les cons…) un : « L’offre crée même la demande ». Pensez-y lorsque vous irez vos courses : « L’offre crée même la demande ». Consommer, de tout et de rien, consommer n’importe comment mais consommer, puisque le Président productiviste qu’il est affirme qu’il faut « produire plus, produire mieux ». Et si vous n’en avez pas les moyens, n’ayez crainte, un petit peu plus d’offre en rayonnages devrait créer votre demande et remplir votre portefeuille. Absurde !
La gauche bien-pensante qui croyait encore malgré les vœux du 31 décembre pouvoir éviter le désastre en est pour ses frais. Le journal Libération pensait ainsi savoir ce matin que le Président annoncerait dans l’après-midi entre 5 et 10 milliards de baisse des cotisations patronales de la branche famille.Patatras! C’est avec une fierté non dissimulée que François Hollande a affirmé que les entreprises et les travailleurs indépendants bénéficieraient d’ici à 2017 de la fin des cotisations patronales de la branche famille. Confirmant son tournant sémantique des vœux du 31 décembre 2013, François Hollande précisait même le montant astronomique du cadeau : 30 milliards d’euros de baisse de « charges » comme il a tenu à les nommer une fois encore ! La culture du mépris…D’ailleurs 30 milliards, c’est tout juste ce que demandait le 13 janvier Pierre Gattaz patron du Medef. En voilà au moins un qui a l’oreille de Hollande !
Mais la grande nouveauté, du moins dans un affichage aussi clair, c’est l’offensive du Président sur les deux autres piliers chers à Jaurès pour réaliser la République sociale. Dans l’ordre social, le Président avait ouvert la voie lors de ses vœux à la mise en coupe réglée de notre patrimoine commun. Il avait alors parlé « d’abus » et « d’excès » concernant la protection sociale. Il a cette fois été encore plus loin en évoquant pour la fraude une responsabilité partagée « moitié-moitié » entre les entreprises et les assurés sociaux. Quant aux services publics, ils sont passés à la moulinette, le Président parlant de « redéfinir les principales missions de l’Etat » pour réaliser de nouvelles économies. Quasi extatique, François Hollande s’est ainsi targué d’avoir réalisé 15 milliards « d’économies » en 2014 et d’en prévoir 50 milliards supplémentaires sur la période 2015-2017. A ce niveau, cela « n’a jamais été fait » s’est-il tenu obligé de préciser. Voilà un Président issu du Parti Socialiste qui se vante de faire subir à notre pays et à ses services publics la pire saignée qu’il ait jamais connue. Et ce alors même que Sarkozy avait fait un carnage avant lui pendant 5 ans et la Droite pendant 10 ! Pour François Hollande, la baisse de la dépense publique est érigée en alpha et oméga présidentiel au détriment du patrimoine servant à l’émancipation collective du peuple. Et puisqu’il faut boucler la boucler, le serpent Hollande qui se mord la queue a eu cette explication ubuesque : « Il faut réduire la dépense publique. C’est le passage obligé pour réduire les déficits publics. C’est la condition pour réaliser le pacte de responsabilité ». La finalité est donc de « réaliser le pacte de responsabilité ». Mais quelle est la finalité du pacte de responsabilité sinon servir comme un laquais le Medef ?
Le laquais Hollande entend justement bien ramener la France dans les méandres nauséabonds de l’ancien régime où toutes les baronnies locales et leurs arrangements oligarchiques correspondent si bien à ce qu’il est. C’est pour cela qu’il a cette fois aussi porté le fer dans l’ordre politique. Et de manière saignante. Evoquant les nouvelles compétences et responsabilités aux régions dès 2014 à travers l’acte 3 de la décentralisation, le Président a annoncé confier un « pouvoir règlementaire local d’adaptation » aux régions. Autrement dit vaporiser la France façon puzzle. L’adepte de la loi à géométrie variable revient commettre ses méfaits et c’est pour tout de suite ! Cette atteinte au cadre national et républicain est insupportable et doit dès à présent appeler à une réaction de tous les républicains. La France n’est pas l’Espagne ou l’Allemagne et elle n’entend pas le devenir ! Pourtant, pour nous en convaincre, François Hollande veut passer en force faisant mine d’avoir l’assentiment du peuple, même quand celui-ci l’a déjugé. Hollande évoque ainsi le fait que « des régions peuvent se rapprocher » et que « des départements devront redéfinir leur avenir ». Hollande a-t-il la mémoire trop courte pour se rappeler qu’il y a un an les alsaciens l’avaient renvoyé à ses études de son catéchisme républicain pour avoir voulu fusionner les deux départements ? Cette fois, les métropoles étant appelées à la rescousse, c’est l’exemple du Rhône redécoupé en Grand Lyon et bout de département croupion qui a été pris par le Président. Les départements de petite couronne en Ile-de-France, mais aussi partout où l’une des 13 grandes métropoles a été installée, savent désormais que leur disparition est planifiée. Et si la force de la loi devait rencontrer une résistance populaire, François Hollande prévient qu’il étranglera manu militari les collectivités en fermant les vannes financières, puisque « les dotations varieront selon les regroupements qui seront faits ». Ecoeurant.
François Hollande a une qualité indéniable : il est toujours capable de faire pire. Mais en s’en prenant ouvertement et par tous les bouts à l’édifice républicain, il dessine une nouvelle ligne de fracture. Au nom des intérêts de l’oligarchie, il fait le choix d’engager la confrontation avec le camp des républicains. Qu’il soit sûr que dès le 21 janvier nous ne lui cèderons pas un pouce de terrain. La France aux républicains !