Dès les débuts du gouvernement Ayrault, le bricolage fiscal a commencé, dominé par l’idéologie libérale de la baisse du « coût du travail » et des dépenses publiques dans le cadre de la défense de la politique d’austérité voulue au niveau européen et totalement revendiquée par le gouvernement PS. Aujourd’hui la fronde antifiscale, alimentée par les reculades successives du gouvernement à chaque fois que le patronat proteste, l’appel à la marche du 1er décembre par le Front de Gauche, seule force politique à organiser la riposte face aux mobilisations poujadistes sur l’impôt, obligent Jean-Marc Ayrault à tenter le coup de poker de la remise à plat de la fiscalité. Mais cela n’a rien à voir avec ce que nous exigeons, puisque comme l’a précisé Najat Vallaud-Belkacem, la porte-parole du gouvernement, cette remise à plat doit se faire dans le cadre du respect des marqueurs libéraux. Au mieux nous aurons donc une réformette à la marge, mais le principal sera maintenu : les plus riches continueront à payer proportionnellement moins d’impôts (grandes entreprises comme ménages fortunés).
C’est pourquoi la marche du 1er décembre est fondamentale. La tiédeur, l’indécision, la peur de fâcher telle ou telle catégorie ne servent à rien. Sur la fiscalité, il n’y a pas de demi-mesure : c’est d’une révolution fiscale dont notre pays a besoin pour revenir au principe même de l’objet de l’impôt : chacun doit contribuer selon ses moyens. C’est la remise en cause de ce principe de base qui aujourd’hui ébranle le consentement à l’impôt. Une réforme fiscale doit donc commencer par le renoncement à l’augmentation de TVA du 1er janvier et par le rétablissement de la progressivité de l’impôt par la création de 13 tranches d’impôt sur le revenu. Elle doit aussi revenir sur les conséquences du gel des tranches qui, outre l’imposition sur le revenu de personnes qui par leurs petits revenus n’étaient pas jusqu’ici concernées, rend par ricochet ces mêmes personnes redevables de la taxe d’habitation et de la redevance télé, et perdent des droits annexes attribués aux personnes non imposables par les conseils généraux ou les municipalités. Ceci démontre le mythe des politiques locales déconnectées de la politique nationale d’austérité. La réduction des dépenses publiques frappent à tous les niveaux : état et collectivités locales. C’est pourquoi la marche du 1er n’est que le début du débat et de la mobilisation sur la nécessaire révolution fiscale que nous voulons. Nous la poursuivrons par d’autres initiatives du Front de Gauche ou plus larges, ainsi que par la campagne de nos listes autonomes vis-à-vis du social-libéralisme aux municipales.
Martine Billard, co-présidente du Parti de Gauche