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Juin 19

Hamon propose aux bacheliers de réduire le chômage par la flexibilité

sans-titre (9)Les élèves composaient aujourd’hui sur l’épreuve du bac de sciences économiques et sociales dans la filière SES (le sujet ici). On sait que les enseignant-e-s et les associations sont depuis longtemps montés au créneau pour dénoncer des programmes orientés qui, se défiant du principe de laïcité, assument le modèle économique libéral comme le seul possible. Mais on pensait que l’arrivée de Vincent Peillon puis de Benoît Hamon au ministère permettrait de juguler ce flot. Patatras ! La partie « mobilisation des connaissances (6 points) » de l’épreuve du jour posait ainsi deux questions : « 1. Comment la flexibilité du marché du travail peut-elle réduire le chômage ? (3 points) 2. À quels risques économiques peuvent s’exposer les pays qui mènent une politique protectionniste ? (3 points) ». Pour répondre, vous voilà tenus d’avaler les présupposés de Hollande, Merkel et toute la clique. Mais il paraitrait que même-eux ne connaissent pas la réponse !

Tout cela pourrait être risible tant le procédé est grossier. Pourtant, c’est bien d’un côté la laïcité qui est battue en brèche et de l’autre la responsabilité ministérielle qui est engagée. Chacun-e mesure en quoi la laïcité ne saurait se réduire à un simple principe de neutralité bienveillante qui séparerait la sphère publique et la sphère privé, mais est au contraire un principe d’organisation de la société qui doit assurer l’émancipation individuelle et collective de toutes et tous. Dès lors, au-delà des religions « religieuses », il ne saurait y avoir d’église séculière qui imprimerait son idéologie au travers même de l’appareil d’Etat. C’est pourtant le cas avec les programmes de SES et donc aujourd’hui avec des sujets du bac qui érigent la « flexibilité » en outil pour « réduire le chômage », ou encore en présentant toute politique protectionniste comme un risque. Voilà des atteintes grossières à la laïcité qui qui plus est relèvent de l’absurdité économique !

Mais il faut dire que François Hollande a de longue date choisit de faire de l’école de la République un lieu d’endoctrinement pour justifier auprès des élèves et de leurs familles les politiques libérales auxquelles ils s’est rallié. Ainsi, on se souvient qu’il y a un an, en avril 2013, le Président de la République roucoulait à l’oreille des pigeons lors des assises de l’entrepreunariat en disant vouloir « stimuler l’esprit d’entreprise » à l’école. Plus récemment, c’est la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche (depuis secrétaire d’Etat) Geneviève Fioraso qui se lâchait en affirmant le 7 février au Salon des entrepreneurs : « Je pense que si on veut avoir davantage d’étudiants avec un esprit d’entreprise, si on veut avoir une vraie ‘équipe France’ (sic), c’est la culture qu’il faut changer, il faut commencer très tôt : il faut même commencer dès l’école maternelle. Moi, je suis responsable de l’enseignement supérieur et de la recherche, je commence par la recherche ! ». De la constance en somme mais qui se traduit désormais jusque dans les énoncés de l’examen républicain qu’est le bac.

La sortie d’un tel sujet interpelle aussi quant à la chaîne de commandement qui assure le dispositif de rédaction des sujets du bac. Et en dernier ressort, c’est bien la responsabilité du Ministre qui doit être posée. Les sujets proposés sont en effet le fruit d’un long parcours mais sont visés à plusieurs étapes à la fois par des Inspecteurs pédagogiques, des inspecteurs généraux de l’Education nationale, et par le recteur de l’académie en charge de la rédaction de tel ou tel sujet. Il est dès lors trop facile d’exonérer les ministres Peillon et Hamon de responsabilité dans le processus. C’est bien sous leurs ordres que se trouvent celles et ceux qui ont ainsi laissé filer de tels sujets. Et Peillon et Hamon sont pareillement coupables de ne pas avoir engagé la refonte des programmes de SES à la hauteur souhaité ce qui aurait dû amener à en exclure toutes les apologies du libéralisme qui y demeure présent non pas comme sujet d’étude mais bien comme horizon indépassable.

Décidément, les temps changent mais rien ne change. De tels articles pouvaient déjà se lire quand les Darcos, Ferry, Fillon et autres Chatel étaient aux responsabilités rue de Grenelle. Sauf que maintenant on évalue carrément les élèves sur ces bases. Là où la Droite théorisait, les solfériniens appliquent…

François Coq

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