Pour François Hollande, la leçon à tirer des résultats des élections municipales est claire : plus de concentration de pouvoir et toujours plus de libéralisme. Terminé les congrès du PS, c’est le président qui décide du premier secrétaire. Quant aux institutions, pas question de consulter le peuple français par référendum, il y a trop de précédents dangereux. Puisque le peuple ne vote pas comme le souhaiterait l’oligarchie, il n’aura pas le droit à la parole. La plus grande remise en cause de notre organisation territoriale depuis la Révolution va donc s’effectuer par des tractations de couloirs et des petits arrangements entre potentats locaux. Terminée la démocratie de proximité. Les besoins des populations et la nécessité d’une planification écologique et démocratique pour faire face à l’énorme défi environnemental auquel nous sommes confrontés n’a pas droit de cité dans la réflexion de nos technocrates seulement obnubilés par la réduction des dépenses et la compétitivité entre régions européennes. D’ailleurs, pour contrôler de plus près les négociations européennes, Pierre Jouyet devient secrétaire général de l’Elysée alors que Manuel Valls, qui jurait dans son discours de dire la vérité, a tout simplement passé sous silence les diktats européens.
A quelques semaines d’une élection européenne qui a de fortes chances de voir le PS subir une nouvelle déroute, rien d’étonnant ! Celle subit aux municipales ne provoque pas pour autant de remise en cause de l’orientation libérale contenue dans le pacte de responsabilité : les mesures annoncées privilégient très clairement et très précisément les grandes entreprises avec 15 milliards de remise d’impôts d’ici 2020 pendant que quelques miettes sans précision sont annoncées pour les salariés. La baisse de l’impôt sur les sociétés (de 33,3 % à 28 %) ne changera rien pour les grands groupes car ils échappent depuis longtemps à ce taux grâce à toutes les politiques d’optimisation fiscale mises en place par tous les gouvernements. La solidarité, mais pas trop : rien pour les retraités, chômeurs, handicapés… qui risquent pourtant de ne pas échapper à la remise en cause de diverses prestations annoncées. Les plus pauvres seront solidaires des un peu moins pauvres pendant que les plus riches continueront à s’enrichir. La réduction des dépenses publiques va se poursuivre à commencer par une entreprise méthodique de démantèlement de la sécurité sociale par la suppression exigée par le Medef de plusieurs financements provenant de cotisations sociales : 1 % logement, contribution solidarité autonomie, partie fixe accidents du travail. Tous ceux qui espéraient des précisions sur la transition énergétique et la réduction de la part du nucléaire, devront une fois de plus se contenter de discours mais cela aura suffit pour que 10 députés sur 17 du groupe EELV justifient leur vote de confiance et que la révolte annoncée des plus de 80 députés du PS se terminent par 11 abstentions ! Il est donc plus que jamais nécessaire de ne rien lâcher et pour cela la marche du 12 avril doit être une réussite.
Martine Billard,
co-présidente du Parti de Gauche