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Les travaux de construction de l’aéroport n’ont pas commencé mais le site de Notre-Dame-des-Landes attire déjà des personnes venues de la France entière et même d’au-delà de nos frontières. Plus de 50 000 manifestants se sont encore retrouvés à Nantes ce samedi pour s’opposer au projet « d’Ayrault-port ». Après avoir monté un dispositif policier qui s’est montré efficace dans le registre de la provocation, Valls a puisé dans le répertoire de son prédécesseur Pasqua pour dénoncer le parti de l’étranger. Pour la droite, le contestataire est en effet un ennemi de la patrie. Sauf bien sûr quand ce sont des bonnets rouges patronaux qui cassent des portiques ou des traditionalistes qui pourchassent nos concitoyens dont la vision de la famille leur déplait. Ceux-là obtiennent satisfaction.
Il est vrai que de nombreux étrangers rodent autour du site prévu pour implanter ce nouvel aéroport. Les plus nombreux sont les actionnaires de Vinci, le groupe qui a récupéré ce juteux « partenariat public-privé » (PPP). 65% des actions de ce mastodonte qui se prétend français sont en effet aux mains de fonds d’investissement étrangers. L’intérêt national est une notion qui leur est étrangère. L’intérêt général de l’humanité aussi. Car le projet d’aéroport est un extraordinaire condensé des impasses du productivisme qui sert désormais de guide officiel au pouvoir. La consternante maxime de François Hollande « l’offre crée la demande » est devenue dans cette zone déjà desservie par un aéroport parfaitement dimensionné « le nouvel aéroport créera le besoin croissant de transport aérien ». Quel que soit l’impact écologique d’une telle croissance.
Si tant de nos concitoyens se sentent concernés par ce dossier c’est qu’ils suivent les organisateurs de la manifestation qui invitent à confronter les « choix faits dans ce projet » « avec les beaux discours grandiloquents sur les économies nécessaires, la transition énergétique, la sauvegarde du climat ». La préservation des écosystèmes ne pâtit pas du manque de citations dans les conférences de presse présidentielles mais du poids des lobbys privés, de la mégalomanie des barons locaux, de la confusion oligarchique de l’intérêt public et des intérêts privés, toutes choses que l’on trouve en raccourci dans ce petit bout de terre humide à 17 km de Nantes. Si c’était un scénario de film, on le jugerait caricatural. Quel casting ! Le PPP y a été préparé par un préfet devenu salarié de Vinci. Le premier ministre se comporte comme un notable qui mobilise les moyens de l’Etat au service de sa vision du développement local. Le groupe Vinci se développe en rachetant à tour de bras des aéroports privatisés par l’Europe austéritaire, se gorge des péages d’autoroute volés au peuple français par des privatisations dispendieuses et se protège en finançant des agents d’influence médiatique comme l’Institut Montaigne.
L’issue du bras de fer à Notre-Dame-des-Landes nous concerne donc tous. Le retrait du projet serait un tournant et une première rupture concrète avec le productivisme. Une telle prise en compte de sa responsabilité environnementale placerait la France à l’avant-poste des nations du monde. Car pour nous la France doit se penser comme une nation universaliste. Pour le pouvoir hélas, les dirigeants du MEDEF sont les nouveaux ambassadeurs du génie français. Le président de Vinci, ancien conseiller de Balladur, est d’ailleurs vice-président de MEDEF international dont il préside de surcroît le comité France-Qatar. Si le parti de l’étranger existait, lui en mériterait la carte !
François Delapierre Secrétaire national du Parti de Gauche