Au delà des apparences, les rumeurs sur la théorie du genre dans les écoles maternelles et primaires et la manifestation du « jour de colère » présente bien des similitudes. Toutes les deux prétendent fédérer des mouvements divers largement influencés par les différents intégrismes religieux et les réseaux d’extrême-droite. Elles surgissent dans la suite des « manifestations pour tous » et du mouvement des bonnets rouges. Les mobilisations contre la loi sur le « mariage pour tous », réunissant surtout l’extrême-droite et les milieux catholiques ultra, ont connu une grande affluence mais sans pouvoir empêcher l’adoption de la loi. Leur échec a radicalisé les participants dorénavant disponibles pour d’autres actions. Les « bonnets rouges », quant à eux, en surfant sur un rejet des hausses de fiscalité, visaient à fédérer un ensemble disparate de revendications. Sous le couvert d’identité bretonne, le patronat a ainsi pu avancer ses pions. Bien qu’ayant fait reculer en partie le gouvernement, une fraction de ce mouvement a aussi basculé dans la radicalisation. Sur un autre registre, l’affaire Dieudonné, à travers le débat confus sur la liberté d’expression, a permis de jeter de la confusion dans les milieux antiracistes.
Dans ce contexte, la manifestation du « jour de colère » du dimanche 26, apparaît comme la convergence de toutes les ailes radicalisées de ces diverses mobilisations. Il ne faut donc pas minimiser sa réussite. C’est en effet la première fois depuis bien longtemps qu’on assiste à un tel déchaînement de haine réunissant plusieurs dizaines de milliers de personnes sur des positions ouvertement homophobes, antisémites et antimusulmanes, unissant intégristes catholiques et pro Dieudonné. Parmi les organisateurs, le réseau d’extrême-droite Egalité et Réconciliation d’Alain Soral, qu’on retrouve aussi derrière l’opération « jour de retrait de l’école » qui fédère intégristes catholiques et islamistes contre l’annonce d’une éducation à l’égalité hommes-femmes L’appel au boycott scolaire lancé par des sms très ciblés en direction des parents d’élèves des écoles des quartiers des zones sensibles cherche à briser la confiance en l’école publique.
Il s’agit donc bien d’un climat nauséabond qui se développe dans notre pays pour remettre en cause ce qui fait le fondement de notre République : l’égalité de toutes et tous quel que soit son genre, son origine ou sa religion.
Martine Billard,
co-présidente du Parti de Gauche