La France est en train de remonter la pente, disait Jean-Marc Ayrault le 4 novembre. Ce sont pourtant plus de 50 000 emplois directs qui sont menacés par les nouveaux plans sociaux. En Bretagne, la droite et le patronat savent jouer du « sentiment breton » pour faire croire qu’il y aurait une réponse spécifique : patrons, salariés, agriculteurs, transporteurs routiers mains dans la main pour sauver la Bretagne. Mais quelle Bretagne ? Celle des algues vertes ? Des élevages intensifs de poulets et de porcs responsables des montagnes de lisiers qu’il devient difficile d’éliminer ? Celle des abattoirs avec leurs bas salaires et leurs mauvaises conditions de travail avec leur cortège de troubles musculo-squeletiques ? Et pour quelles revendications ?
Après la manifestation, les masques tombent. Ainsi pour le patron du Medef : « pour relancer l’économie bretonne, il faut en premier lieu briser le carcan réglementaire qui pèse sur nos élevages et tue les initiatives ». Comprenez le fait de ne plus respecter le droit du travail, les normes environnementales et sanitaires ni l’obligation de déposer une demande pour les extensions d’élevage industriels de porcs. Lorsque le représentant de FO dit « Mais il est vrai qu’on peut craindre des demandes d’allégements de charges sociales et de dérogations du travail » pourquoi ne s’est-il pas posé la question avant d’appeler à manifester avec les patrons ?
L’avenir a été sauvé par les centrales syndicales (CGT, FSU, Solidaires) qui ont appelé à manifester à Carhaix, sur une ligne claire de défense de l’emploi, des conditions de travail, des salaires, des services publics et pour un autre développement qui rompt avec le productivisme du modèle agroalimentaire qui mène la Bretagne au désastre économique, social et écologique. Mais comme à chaque fois que ce gouvernement cède au patronat, celui-ci se sent plus fort. Et dans sa roue sont en train de s’engouffrer toutes les forces réactionnaires : la FNSEA qui en détournant ainsi la colère des agriculteurs veut éviter qu’ils remettent en question le modèle prôné depuis des décennies par ce syndicat agricole, la droite catholique réactionnaire qui veut prendre sa revanche après l’échec des manifs pour tous, l’extrême-droite trop contente de pouvoir surfer sur le rejet du gouvernement, l’UMP qui a pourtant voté cette taxe à l’assemblée dans le cadre du Grenelle de l’environnement. Ce rassemblement hétéroclite menace d’une manifestation à Paris. Ne nous y trompons pas : un tel rassemblement ne pourrait qu’être celui de la confusion et de la récupération par toutes les droites et extrême-droites rassemblées.
Il est temps que la classe ouvrière relève la tête et lutte pour ses propres intérêts. A Roanne, plus de 20 000 militants sont venus à l’appel de la CGT soutenir les 5 salariés victimes de répression. Il est donc possible de construire la résistance. Le 23 novembre à Rennes les syndicats appellent à une manifestation contre la casse de l’emploi dans l’automobile, l’électronique, et l’agroalimentaire. Il faut en faire une démonstration de force de l’unité des travailleurs contre les exigences insupportables du patronat soutenu par un gouvernement social-libéral sourd aux demandes populaires.
Martine Billard, co-présidente du Parti de Gauche