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La France réactionnaire, le front des religieux unis à l’extrême-droite, a lancé le gant au visage de la République. Quel que soit leur nombre, ils ont été trop dans la rue dimanche 13 janvier pour dire leur rejet de l’égalité des droits. Les citoyens de notre pays doivent se mobiliser pour imposer la fin des discriminations les 19 et 27 janvier.
Au-delà de la bataille des chiffres, la France des conservateurs, réactionnaires, bornés – cette France si bien dénoncée par Simenon entre autres – s’est affichée dans les rues de Paris, dimanche 13 janvier, pour s’opposer au mariage pour tous. Sous le vocable neutre de « manif pour tous », un dangereux amalgame de religieux de tous cultes, de militants d’extrême-droite (du Front national au Bloc identitaire), de sympathisants UMP a décidé de faire bloc dans la rue au « nom des valeurs » contre l’égalité des droits. Malgré des consignes strictes pour faire bonne figure, les dérapages ont eu lieu, dévoilant le vrai visage de cette France de toutes les peurs.
C’est même un des porte-paroles de la manifestation, Xavier Bongibault, qui a donné le ton en comparant François Hollande à « un homme arrivé au pouvoir en 1933 ». Lors de la précédente manifestation contre l’égalité des droits, en novembre 2012, il avait déjà comparé « le gouvernement et les associations LGBT » et « un homme que l’Allemagne a bien connu à partir de 1933 ». Les pancartes « avortement + mariage homo = euthanazi » étaient dès lors légitimes. Les quelques 15 000 « bénévoles » recrutés et formés pour « filtrer » les manifestants ont-ils mangé la consigne ? Reste que la majorité des manifestants se caractérise par sa tristesse de nature à décourager dans les vendeurs de sandwiches qui espéraient remplir leur caisse.
Qu’ils aient été 100 000 ou 800 000, ils ont été très nombreux pour rappeler qu’une part notable de la population de notre pays se fiche comme une guigne que François Hollande ait été élu sur un programme comprenant le mariage pour tous. Assurément, la mobilisation de la « France qui a peur » a été dopée par les atermoiements du président de la République qui a concédé, autour du Congrès des maires de France, une « liberté de conscience » avant d’en revenir à la loi républicaine. Elle a aussi profité des reculades sur la Procréation médicalement assistée (PMA) renvoyée au débat parlementaire, malgré les assurances initiales données aux associations. Enfin, les retards accumulés dans l’examen de ce texte conjugués à la dégradation de la confiance envers l’exécutif ont donné des ailes aux manifestants de dimanche.
Les associations en pointe du combat pour l’égalité des droits ont plus que jamais besoin de la mobilisation de l’ensemble des forces de progrès. Le mariage, l’adoption et la PMA pour tous figurent dans l’agenda de la gauche de progrès au même titre que la défense du Code du travail ou les licenciements boursiers. C’est la position qu’a rappelée le Front de gauche dans un communiqué en date du 9 janvier. Il s’agit d’une position républicaine visant à éradiquer toutes les formes de discriminations qui existent encore dans notre pays.
C’est pour cela que le Parti de gauche sera dans la rue le 19 janvier à l’occasion des rassemblements décentralisés organisés en Province et le 27 janvier pour la manifestation nationale à Paris. Si le président de la République tergiverse sur la tenue de ses engagements, il appartient au peuple, aux millions de citoyens et de citoyennes qui ont voté François Hollande en mai dernier, de lui rappeler sa parole.
Nathanaël Uhl
lundi 14 janvier 2013